Soly Cissé est un artiste à l’oeuvre protéiforme… Son art s’étend à divers medias ; collages, peintures, installations, vidéo, sculptures, … On retrouve dans chacune de ses réalisations, comme fil directeur, ses êtres hybrides, ses animaux, ses esprits, pictogrammes, graffitis et silhouettes sénoufos. Des formes émergent, prises dans le mouvement de la couleur en fusion, au bord de la figuration.
Créatures inachevées et personnages appartenant à un stade non situé (antérieur, postérieur ?) de l’humanité. Enfants, animaux, tous sont saisis frontalement, leurs visages à demi ébauchés. Il peint, sculpte, façonne le kraft, l’argile, il travaille les toiles en série graphique, recycle le bois. Soly Cissé explore des voies risquées, inédites. Il est habité d’une colère saine, assez sûr de ses influences pour ne pas les citer. A l’écoute du monde urbain, il est de ceux qui peuvent sereinement se départir de l’adjectif « africain », sans regret ni repentir, puisque l’Afrique aujourd’hui est en lui, comme facteur de modernité. Le trait, décidé de Cissé, nerveux, agile, reprend le fusain là où l’avaient laissé ses lointains ancêtres. Rapide, il capte l’être par défaut, les figures naissent ainsi de l’informe sans le brusquer. Juste un clin d’oeil au destin.
L’œuvre de Soly Cissé est remarquable par sa graphie singulière, spontanée. Dans ses collages, les esprits et les figures inquiétantes ou protectrices ne révèlent pas les divinités d’une culture, mais une fantasmagorie.
Il y a chez lui une volonté affirmée de provoquer une tension fertile et dynamique. Plus on pénètre dans son microcosme peuplé d’esprits et de monstres, plus s’affirment les grandes confrontations entre des bleus intenses et des jaunes stridents. C’est dans la lente et patiente découverte de son langage plastique que l’harmonie se rétablit peu à peu, ajuste son équilibre.
« Il y a là sans hésitation un artiste majeur, qui va droit au but ».
Philippe Dagen (Le Monde)